LES TRAÎTRES
Auteur : Giancarlo De Cataldo
Titre original : I Traditori
Magistralement traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Éditions Métailié, Paris
Roman historique savoureux offrant une vision de l'histoire de l'Italie par un ancien magistrat et écrivain parmi les plus reconnus, un demi-siècle d'intrigues mêlant toutes les strates de la société d'alors, des personnages incroyablement vrais incluant : noble vénitien déserteur et espion, sorcière muette musicienne et mathématicienne enseignant à son ancien maître le langage des sourds, homosexuel tourmenté oeuvrant à titre de chef des services secrets impériaux puissants, héroïque guerrier, femmes de tête, mafieux, prostituées, camorristes, bandits anglais, terroristes français... et d'innombrables traîtres.
Les personnages du roman et les personnages historiques
Dès la page 9, l'auteur différencie clairement les personnages inventés de sa plume des véritables personnages historiques italiens et européens comme Mazzini, Pisacane, Garibaldi, le roi Victor Emmanuel II, l'empereur Napoléon III, Lucien Bonaparte, Sir Charles Babbage, la mathématicienne, fille de Lord Byron, Ada Lovelace (oui... une femme !) et plusieurs autres.
Savoureux et copieux
Extrêmement bien écrit et noué, c'est un véritable joyau plein de saveur et d'innombrables faits historiques enrobés d'autant de romanesque que de faits de guerre, escarmouches, lettres, espions, trafiquant d'enfants, juges, coupe-jarrets, fonctionnaires, bandes régionales férocement jalouses de leur territoire au moment où l'heure est à l'union des provinces italiennes. Et pour ce faire, le chef idéaliste doit se trouver ailleurs s'il ne veut pas être assassiné.
L'histoire racontée à l'italienne
Dans une même page, on trouve des comportements humains inhumains d'un bout à l'autre du spectre, on considère « juste que ce soit un ami qui s'en occupe » (p. 145) quand on est « sur le point de donner un coup mortel », on parle de temps et de ténacité dans les stratégies (p. 88), de dépêches codées et de fausses rumeurs commandées (p. 56), d'une femme encore adolescente vendue après avoir été sauvée du bûcher des sorcières par l'Inquisiteur (p.36) et tellement plus, sur quelque 500 pages dans lesquelles on se laisse absorber, à la lecture desquelles on se passionne passionément.
EXTRAITS
« et la fille comprend qu'il n'y a qu'une chose à faire : retourner auprès de lui. Mais à peine a-t-elle franchi le seuil de la grotte qu'elle se sent agrippée. Une puanteur de pourri lui provoque un haut-le-coeur. Elle se débat, lance des cris muets, mais l'étreinte est puissante, elle la suffoque, ne laisse pas d'issue. » (p. 28)
« Où, où s'est-il trompé ? » (p. 125)
« Mario saisit une main de Lady Violet et la serre entre les siennes. Elle laisse faire, submergée par une vague de chaleur. Lorenzo ne s'est rendu compte de rien. Janet, en revanche, a suivi toute la scène. » (p. 129)
« - Sarde, explique patiemment Ciceruacchio, révélant un des innombrables mystères de cette langue dense et sarcastique qui dans ses doubles sens ruisselant de grossièreté et de désenchantement unit la noblesse et la plèbe, froci vient de “ français ”, mais frocio veut dire aussi “ pédéraste ”, c'est-à-dire 'n omo che va coll'omini, un homme qui couche avec des hommes... mais ce n'est pas qu'ils sont vraiment tous pédés, continue-t-il en dialecte, au milieu d'eux il y a plein de gens avec des couilles... » (p. 137)
« Ah, pensa Salvo, c'était tout un jeu de donner et d'avoir. Mais un jeu aussi de futticumpagnu [traduction en bas de page : “ Littéralement : baiser les copains ” ] : les barons se faisaient “ libéraux ” pour baiser les libéraux, les libéraux s'appuyaient sur les barons pour les baiser. Michele était avec ces derniers. » (p. 144)
« Les blessés gémissent dans les hospices improvisés au Pellegrino, amoureusement soignés par les dames nobles et les prostituées rapprochées par la même piété révolutionnaire. » (p. 147)
Un livre exceptionnel et fabuleux ralliant la cause et les causes, divertissant, romantique, guerrier, historique, véritable observateur de l'être humain, incroyablement savoureux et mémorable !
En savoir plus
Lire la fiche du livre sur le site de l'éditeur : http://www.editions-metailie.com/fiche_livre.php?id_livre=1068
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Auteur : Giancarlo De Cataldo
Titre original : I Traditori
Magistralement traduit de l'italien par Serge Quadruppani
Éditions Métailié, Paris
Roman historique savoureux offrant une vision de l'histoire de l'Italie par un ancien magistrat et écrivain parmi les plus reconnus, un demi-siècle d'intrigues mêlant toutes les strates de la société d'alors, des personnages incroyablement vrais incluant : noble vénitien déserteur et espion, sorcière muette musicienne et mathématicienne enseignant à son ancien maître le langage des sourds, homosexuel tourmenté oeuvrant à titre de chef des services secrets impériaux puissants, héroïque guerrier, femmes de tête, mafieux, prostituées, camorristes, bandits anglais, terroristes français... et d'innombrables traîtres.
Les personnages du roman et les personnages historiques
Dès la page 9, l'auteur différencie clairement les personnages inventés de sa plume des véritables personnages historiques italiens et européens comme Mazzini, Pisacane, Garibaldi, le roi Victor Emmanuel II, l'empereur Napoléon III, Lucien Bonaparte, Sir Charles Babbage, la mathématicienne, fille de Lord Byron, Ada Lovelace (oui... une femme !) et plusieurs autres.
Savoureux et copieux
Extrêmement bien écrit et noué, c'est un véritable joyau plein de saveur et d'innombrables faits historiques enrobés d'autant de romanesque que de faits de guerre, escarmouches, lettres, espions, trafiquant d'enfants, juges, coupe-jarrets, fonctionnaires, bandes régionales férocement jalouses de leur territoire au moment où l'heure est à l'union des provinces italiennes. Et pour ce faire, le chef idéaliste doit se trouver ailleurs s'il ne veut pas être assassiné.
L'histoire racontée à l'italienne
Dans une même page, on trouve des comportements humains inhumains d'un bout à l'autre du spectre, on considère « juste que ce soit un ami qui s'en occupe » (p. 145) quand on est « sur le point de donner un coup mortel », on parle de temps et de ténacité dans les stratégies (p. 88), de dépêches codées et de fausses rumeurs commandées (p. 56), d'une femme encore adolescente vendue après avoir été sauvée du bûcher des sorcières par l'Inquisiteur (p.36) et tellement plus, sur quelque 500 pages dans lesquelles on se laisse absorber, à la lecture desquelles on se passionne passionément.
EXTRAITS
« et la fille comprend qu'il n'y a qu'une chose à faire : retourner auprès de lui. Mais à peine a-t-elle franchi le seuil de la grotte qu'elle se sent agrippée. Une puanteur de pourri lui provoque un haut-le-coeur. Elle se débat, lance des cris muets, mais l'étreinte est puissante, elle la suffoque, ne laisse pas d'issue. » (p. 28)
« Où, où s'est-il trompé ? » (p. 125)
« Mario saisit une main de Lady Violet et la serre entre les siennes. Elle laisse faire, submergée par une vague de chaleur. Lorenzo ne s'est rendu compte de rien. Janet, en revanche, a suivi toute la scène. » (p. 129)
« - Sarde, explique patiemment Ciceruacchio, révélant un des innombrables mystères de cette langue dense et sarcastique qui dans ses doubles sens ruisselant de grossièreté et de désenchantement unit la noblesse et la plèbe, froci vient de “ français ”, mais frocio veut dire aussi “ pédéraste ”, c'est-à-dire 'n omo che va coll'omini, un homme qui couche avec des hommes... mais ce n'est pas qu'ils sont vraiment tous pédés, continue-t-il en dialecte, au milieu d'eux il y a plein de gens avec des couilles... » (p. 137)
« Ah, pensa Salvo, c'était tout un jeu de donner et d'avoir. Mais un jeu aussi de futticumpagnu [traduction en bas de page : “ Littéralement : baiser les copains ” ] : les barons se faisaient “ libéraux ” pour baiser les libéraux, les libéraux s'appuyaient sur les barons pour les baiser. Michele était avec ces derniers. » (p. 144)
« Les blessés gémissent dans les hospices improvisés au Pellegrino, amoureusement soignés par les dames nobles et les prostituées rapprochées par la même piété révolutionnaire. » (p. 147)
Un livre exceptionnel et fabuleux ralliant la cause et les causes, divertissant, romantique, guerrier, historique, véritable observateur de l'être humain, incroyablement savoureux et mémorable !
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