Le festival montréalais pour tous et par les amérindiens s'agrandit d'année en année et présente de plus en plus de volets ; voici quelques films, expositions et activités qui seront en vue sur nos terres communes entre le 30 juillet et le 5 août 2013. Des premières, un film machiavélique d'Argentine, des poètes visant l'intelligence, des artistes sculpteurs sur la place, un défilé rassembleur, une chanteuse inuite, des rites iroquois, bref toute une panoplie de découvertes au centre-ville de Montréal et en de multiples lieux en même temps.
ÉVÉNEMENT SOMMET CINÉMA ET POÉSIE
La hache de guerre est aujourd’hui une métaphore et la poésie haut et fort frappe, comme on pourra le constater dans
Paroles amérikoises de Pierre Bastien, le film d’ouverture présenté en première mondiale, le 30 juillet, dans l’auditorium de la Grand Bibliothèque.
Le film fait belle place aux poètes réunis à Ekuanitshit par Rita Mestokosho pour
un sommet de l’intelligence et de la culture, c'est-à-dire tout ce à quoi ont tourné le dos les mass-médias et qui subsiste, loin de la « pipolisation », dans des oasis de parole assumée où la pensée peut prendre en toute liberté le devant de la scène.
D’un imaginaire ancien, les artistes inlassablement font surgir une imagerie nouvelle. Ainsi, en approfondissant le sillage ancestral, ils ouvrent le chemin du présent et les horizons du futur.
SPECTACLES
Richard Desjardins dans l’
Existoire ultime viendra effectuer un émouvant tour de piste avant de prendre un long congé de la scène ; les premiers peuples seront donc la dernière escale de la tournée de ce spectacle incontournable. Ce sera un moment historique, un point culminant de la carrière d’un grand poète qui sera venu à la rencontre d’une grande civilisation. L’artiste inuit
Béatrice Deer assurera la première partie. Au Club Soda, le 3 août à 20 h 30.
Fiddle no more est aussi un cri de guerre pour dire que le niaisage est fini et que la présence amérindienne s’affirme et s’affirmera encore avec force et détermination. Premier de deux grands concerts gratuits sur la place des Festivals, avec les groupes
CerAmony et
Digging Roots, une soirée rock, jeune, engagée, jeudi 1er août, sur la scène Loto-Québec de la place des Festivals.
Électrochoc régénérateur, le lendemain, sur la même scène Loto-Québec, avec une soirée électro qui viendra énergiser les pulsations vibrantes du cœur de Montréal. Un show qui s’ouvre avec la création d’une pièce inédite de
Katia Makdissi-Warren pour chanteuses de gorge, DJ et chambristes, dirigée par l’auteure. Suivra
Shauit et son reggae en langue innue, les artistes de
Sous le Ground (venus de la Martinique) et les rythmes naissant sous les doigts magiques de
DJ Poirier.
ACTIVITÉS et EXPOSITIONS
La place des Festivals sera redevenue une place forte, sous les somptueux atours de Présence autochtone (grand tipi, animaux mythiques, danses et tambours) où il sera loisible de vivre pleinement une expérience de plongée dans la culture amérindienne.
Ataensic, la première femme, y sera honorée par un rituel chorégraphié commémorant sa chute du ciel, son sauvetage par la gent ailée, son arrivée sur le dos de la tortue, où magiquement, avec l’aide des mammifères aquatiques, va surgir la croûte terrestre sur laquelle les humains pourront vivre et chanter. Ce sera une reprise, dans un contexte festivalier et urbain, d’un
ancien rite propitiatoire iroquois pour saluer la terre nourricière et se féliciter de ses bienfaits. Le samedi 3 août, le
défilé de l’amitié Nuestramericana, viendra s’intégrer à ce cérémonial festif, soulignant l’appartenance des humains à une seule et même mère, la Terre, qui est aujourd’hui en état d’urgence. Présence autochtone,
c’est aussi le moment de revendiquer les idéaux de paix, de justice et de développement durable qui sont les seuls remèdes possibles aux difficultés auxquelles nous humains sommes tous confrontés et qu’il nous faut surmonter ensemble.
Le
parcours pédestre des femmes innues vers Montréal, où elles ont été au premier rang de la mémorable marche du Jour de la Terre en 2012, est évoqué par une exposition de photos sur la place des Festivals, où on pourra également voir des sculpteurs inuits à l’œuvre ; un espace casse-croûte où savourer des
spécialités aux saveurs du terroir amérindien (en collaboration avec le restaurant Le Contemporain, qui, en parallèle offrira un menu gastronomique d’inspiration amérindienne à sa table réputée) ; un espace cinéma sous la maison longue où le public pourra s’arrêter pour découvrir les œuvres de jeunes cinéastes des Premières Nations (une activité présentée par Canal D) ; pour les enfants, initiation ludique à l’
archéologie organisée par Archéo-Québec ;
des chants et des danses de la tradition iroquoise avec les Keepers of the Eastern Doors de Kahnawake et de la tradition kali’na avec le groupe Senuka et le chanteur Marty Anoewarita (grâce à l’appui de la commune de Saint-Laurent du Maroni). Ainsi que des
animations diverses, toutes concourant à faire percevoir le vaste champ des pratiques culturelles chez les peuples autochtones d’ici et d’ailleurs.
On pourra découvrir les œuvres récentes de l’artiste malécite
Ginette Aubin dans une exposition intitulée
Le chemin des appartenances, à la
Guilde canadienne des métiers d’art, du 17 juillet au 10 août ; et voir une exposition florilège des gravures produites par de jeunes artistes mohawks de Kahnesatake lors de stages de création au CIEM ;
Là où est notre maison, à la
maison de la culture de Verdun du 24 juillet au 1er septembre.
CINÉMA
Par ailleurs, à la Cinémathèque québécoise, à la Grande Bibliothèque, au Musée McCord, au Centre Simon-Bolivar et au Legion Hall de Kahnawake, des œuvres inédites sont en concours pour les prix en cinéma, incluant le grand prix Rigoberta Menchu et le grand prix Teueikan.
Citons
Mitchif (en première mondiale) d’André Gladu sur la mémoire de Riel et Dumont dans les communautés métis de l’Ouest canadien ;
Xingu, long-métrage brésilien d’après la vie incroyable des frères Boas, véritables Schindler sud-américains, qui sauvèrent de nombreuses vies par la création du premier territoire indien officiellement reconnu au Brésil ;
Heart of Sky, Heart of Earth, somptueuse production allemande sur la cosmovision maya actuelle face aux destructions d'espaces naturels et aux espoirs de la nouvelle ère qui vient de commencer ;
Survival Prayer, voyage au bout du monde dans l’univers des Haidas des îles du Pacifique.
Également présentés, deux longs-métrages de fiction que les cinéphiles ne voudront pas manquer :
Polvo, une histoire de vengeance et de justice expéditive dans le Guatemala de l’après-guerre civile, et, en provenance de l’Argentine,
Belleza, méphistophélique chassé-croisé entre trois femmes, la mère, la fille et la jeune domestique indigène.
Enfin, en première internationale, suivant sa présentation au festival du film de Los Angeles,
Winter in the Blood sera présenté en film de clôture. C’est une adaptation du roman éponyme de James Welch, le grand auteur blackfoot. Présence autochtone est fier d’offrir au public montréalais la première canadienne d’un film qui fera date.
Le Festival Présence autochtone 2013 se déroulera du 30 juillet au 5 août.
Le calendrier complet des activités se retrouvera sous peu sur le
site www.presenceautochtone.ca.