Elle est d'origine russe, elle a quitté son pays avec son fils et a réussi à se rendre jusqu'en Belgique où elle a demandé l'asile ou simplement d'être acceptée comme citoyenne prète à travailler et faire sa juste part dans une société qui l'accepterait et lui donnerait une chance. Mais voilà et c'est ainsi que débute le film : sa demande n'a pas été retenue et on lui envoie par la poste un ordre d'expulsion qui ne représente pas du tout ce qu'elle espérait en arrivant dans un pays de l'Ouest.
Pour tenter de rester là malgré tout, elle s'adresse à la mafia russe à qui elle paie de toute façon son loyer. Le type n'a de cesse de lui souligner qu'il prend des risques pour elle...
Elle, Tania
Elle se doit de rester plus forte que tout pour assurer une vie occidentale à son fils Ivan qui arrive à l'adolescence.
Mais voilà que partout elle ne se frappe qu'à des murs. Le mafieux vient chercher son loyer une journée d'avance alors qu'elle a préparé de peine et de misère une petite fête d'anniversaire pour Ivan qu'elle va chercher à l'école en transport public. Au retour, il a envie pour une fois qu'ils se parlent en russe... Mais voilà qu'à leur arrêt du bus, le mur de l'immigration les attend. Deux individus costauds lui demande ses papiers qu'elle ne porte pas sur elle selon les instructions de la mafia qui lui en a fourni des faux. Et puis elle se démène et crie à son fils de courir, de ne pas se faire prendre et se faire passer les menottes comme elle. Elle est conduite en prison familiale où elle se retrouve avec une Chilienne et sa fille et où leur est amenée une Africaine que les agents accompagnateurs ont tabassée en cours de transport en fourgonnette du ministère. A force, elle prend des mesures et des décisions qui sont aussi dures que parfois impossibles de savoir à quel point on ne sait jamais vraiment rien de nos compagnons de route, des amis et des proches qui sont là.
Alors que l'on regarde la suite tout aussi rocambolesque de cette fiction, on ne peut que se rappeler les gens qui pleurent devant les caméras pour ne pas retourner dans leur pays, les gens qui ont peur mais que l'on n'entend pas, les gens qui se cachent dans des églises pour ne pas qu'on vienne les prendre pour les conduire dans un avion de retour.
Le film aussi pose la question à savoir pourquoi on accepte de faire un tel travail, pourquoi on y reste. Et puis, il y a la relation bourreau-victime encadrée et captive. Dehors, c'est la mafia qui ne demande qu'à recruter le jeune Ivan ; dedans, c'est encore d'autres hommes musclés qui ont le droit de s'en prendre à plusieurs sur une femme déjà victimisée.
Un beau moment de grâce attend le spectateur lorsque dans l'avion les gens s'insurgent et le pilote, à titre de maître à bord, décide qu'il ne transportera pas cette femme hors de la Belgique. Ce qui ne veut pas dire qu'elle en a terminé avec ses problèmes...
EXTRAITS DE DIALOGUES
« Est-ce que tu crois que j'ai assez souffert pour rester dans ton pays ? »
« Et des gosses, ils en pensent quoi que leur mère garde des innocents et des enfants en prison ? »
« Je vais vous demander de sortir de mon avion. »
ILLÉGAL, un film d'Olivier Masset-Depasse avec Anne Coesens, gagnante du prix FIPRESCI 2011 pour meilleur actrice. Le film s’est aussi vu remettre le prix de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques (SACD) à Cannes.
Ma critique 2010 :
ILLÉGAL est un film percutant qui nous fait voir la triste réalité de gens courageux qui, loin d'être criminels pour nombre d'entre eux, sont pourtant traités comme tels au nom de sacro-saintes délimitations de territoires qui font que les uns sont nés sous une bonne étoile bien confortable et les autres s'y trouvent clandestins, cherchant éperdument à se sortir de l'impasse ou de la pauvreté, voulant simplement se refaire une vie là où ils pourraient enfin tenter leur chance. Mais qui sont ceux qui les tracassent, parfois avec rage et acharnement ? Comment devient-on bourreau d'innocents pour un petit salaire afin de nourrir ses enfants à soi alors qu'on brutalise les autres ? Pourquoi ? Au nom de qui, de quoi ? Que se passe-t-il dans la tête et dans la vie d'un ou d'une sans-papier quand il ou elle reçoit son avis d'expulsion ? Porté magistralement par Anne Coesens, le film se passe à Bruxelles, dans la commune de Schaerbeek. Pour en savoir plus, voir plus bas l'hyperlien sur le site Internet du film qui incorpore des commentaires de bloggeurs. (L'ancien site Internet n'est malheureusement plus...
http://www.illegal-lefilm.fr/au-coeur-du-film/2010/10/26/lavis-des-blogueurs)
Calendrier CINÉMA
ILLÉGAL est maintenant disponible en DVD, www.tvafilms.com ou www.axiafilms.com.
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