Parmi les grands films en compétition mondiale au Festival des Films du Monde cette année, le film allemand LE FEU traite des séquelles chez une jeune femme d'une agression sexuelle dont elle a été victime à la sortie d'un dancing. Son agresseur est un médecin bien rangé, propriétaire d'une clinique privée, un homme fort respecté par la société. Mais voilà, ni sa femme ni personne de son entourage est au courant qu'il retourne tous les mercredis soirs là où jadis il allait avec sa femme tout en la tenant à l'écart en lui faisant croire que la danse, c'est maintenant chose du passé.
La jeune victime qui malencontreusement attend trop longtemps pour consulter son médecin apprendra trop tard qu'elle sera possiblement incapable d'avoir des enfants en raison du choc subi. De plus, elle a aussi attendu 2 jours renfermée sur elle-même pour porter plainte aux autorités policières par le biais d'un service-conseils juridiques et grâce à son conjoint depuis 6 ans qui a fait les démarches.
Mais voilà que Monsieur le docteur respectable collabore bien et dépose un témoignage tout gentil, tout supérieur en qualité (bien sûr, il est satisfait contrairement à elle qui est traumatisée). Bien entendu, c'est lui que la justice soutient et on laisse tomber l'affaire par manque de preuve et en raison de ses blessures qui ne sont pas très graves et qui ne prouvent rien.
Sauf que la jeune femme n'acceptera pas cette méprise. Elle s'occupera elle-même de faire reconnaître le méfait et ce, malgré les recommandations de tous et malgré la plainte que dépose Monsieur le docteur respectable contre elle (comme on le voit dans le film, le truc de blâmer la victime, ça date d'aussi loin que le Moyen-Âge).
On ne voit pas beaucoup de violence dans ce film qui démontre par ailleurs le besoin de la jeune femme de se faire entendre. Le manque de sensibilité et la façon dont ces cas sont trop vite balayés du revers de la main par les autorités froides et bureaucratiques, souvent aussi calculatrices, qui se préoccupent beaucoup plus de choses sérieuses comme les hommes sérieux occupés à des choses sérieuses comme faire beaucoup d'argent et faire semblant d'avoir une vie parfaitement rangée même s'ils s'adonnent aux pires excès dans leurs heures de distractions et de défoulement, entre ou après les consultations.
En conférence de presse, j'ai demandé à la scénariste Johanna Stuttmann comment on devient juge en Allemagne : ils doivent simplement bien réussir aux examens. Et malheureusement il arrive trop souvent que lorsque des cas se présentent en cour de justice, les coups et blessures encaissés par la victime ne sont jamais considérés comme suffisants pour que ce soit digne d'être retenu, ce qui est terriblement néfaste et destructeur pour les femmes et transforme une victime physique et morale en rien du tout aux yeux de la société. Détruites par l'agression, blessées dans leur corps autant que dans leur âme, insultées et injuriées en plus d'avoir été battues et brisées, elles brûlent de douleur et de dégout, elles sont seules au monde, elles qui ne sont de facto rien de plus que de la petite poussière de...
Le film propose une dure solution.
La séquence finale du film a été apparemment longuement discutée selon la scénariste et on a même pensé ajouter tout un chapitre dans lequel l'agresseur aurait été puni mais vu que tout le monde n'était pas d'accord, on a laissé au public le choix de se faire son propre scénario quant à la suite des choses.
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Article : Filles excisées et femmes grillagées, lapidées, brûlées, bloquées, bitchées...
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